Merida, emmurée dans le silence de son lourd passé de maltraitance…

Elle passe ses journées entières recroquevillée dans son panier, sans bouger, à fixer le mur, emmurée dans un silence profond.

Ses yeux sont vides comme si elle était ailleurs, dans un autre monde, un monde dont vous ne pouvez même pas imaginer l’horreur.

Elle est incapable d’interagir avec les humains, elle se cache parce que chaque regard est un supplice pour elle, sa tête et ses yeux se baissent et elle s’enfonce dans ce mur comme pour tenter de s’y fondre.

Le 13 mars, cela fera un an que Merida a été arrachée des mains de celui qui l’a maltraitée des années durant et qui l’a brisée à tout jamais.

Lorsque Merida est arrivée au refuge en mars 2020, tous les membres de l’équipe de l’infirmerie ont été profondément affectés lorsqu’ils ont vu à quel point elle était traumatisée. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même et a été hospitalisée.

Il a fallu alors la manipuler pour lui faire des soins car elle souffre d’un glaucome à l’œil droit et elle est positive à la leishmaniose. Elle s’est toujours laissée faire sans broncher, résignée à son triste sort, elle n’a jamais tenté de se défendre, supportant tout ce qui lui était infligé comme si, de toute façon, rien de pire que ce qu’elle avait vécu par le passé ne pouvait plus lui arriver.

Cette galga a été sévèrement maltraitée, cela ne fait aucun doute et elle en garde un traumatisme profond et ancré.

Lorsque je suis allée au refuge en août 2020, je l’avais vue à l’infirmerie et elle m’avait profondément touchée, mais j’avais détourné le regard parce que je savais que son placement serait des plus difficiles.

Depuis, je n’ai jamais cessé de demander de ses nouvelles en espérant qu’on me dise un jour qu’elle avait été réservée par une autre association et adoptée. Mais Merida est toujours là, à regarder le mur, prisonnière de son lourd passé de maltraitance. Cela fera un an, le 13 mars, qu’elle regarde ce mur.
Ce que nous pourrions lui offrir de plus beau, ce serait qu’elle trouve une famille expérimentée possédant déjà des galgos, une famille qui la guidera vers la lumière et qui l’aidera à sortir de son mutisme.

Bien sûr le chemin sera long, bien sûr que rien ne sera facile mais il n’y a rien d’impossible parce que l’amour est plus fort que tout. Elle n’évoluera pas au refuge, c’est une certitude.

Elle aura bientôt 9 ans, alors si elle pouvait vivre quelques années dans la chaleur d’un foyer et peut-être comprendre qu’une autre vie existe, qu’il n’y a pas que des ordures sur cette terre et que la main de l’humain peut être tendre et douce.

Vous ne pourrez jamais rattraper le temps perdu, vous ne pourrez jamais réparer ce que son tortionnaire a brisé en elle, mais vous pourrez peut-être la faire passer de l’ombre à la lumière.